Juillet 2010 - Iseran & Colle delle Finestre
2 jours de creux dans le planning de juillet, j'ai terminé difficilement l'Ironman de Nice (13h39), et suis débarrassé de toute pression... Donc,
Montagne !!!
Départ St-Raphaël à 3h30 du mat. Tout est dans la voiture. J’aurais voulu être sur place vers 8h30 ou 9h, mais trop souvent sommeil au volant ; je suis arrivé à Bourg St-Maurice vers 11h !
Dimanche 11 Juillet : Bourg-St-Maurice – Col de l’Iseran (2770m) & retour : 100km
La sortie en fait se découpe en 2 bonnes difficultés :
Les 9 premières bornes sont très cool, après, il y en a 15 à environ 6% de moyenne, qui permettent de joindre le barrage de Tignes, départ de la montée vers la station de Tignes qu’a empruntée le Tour il y a quelques années, et que je ne prends pas. Je suis tout frais, donc évidemment pas de problème, l’ascension se fait à un rythme sympathique et régulier. Il fait quand même très chaud, surtout au départ, 815m d’altitude. C’est une route bien bitumée, agréable, et le paysage est franchement sympa. Petit arrêt photos au barrage de Tignes.
Des motards sympas me prennent en photo au lac de Tignes
« La Dame de Tignes », magnifique œuvre d’un artiste Tignard, en mémoire du vieux village de Tignes immergé.
La deuxième partie est quasi identique : 9km de pente très douce pour joindre et traverser Val d’Isère, et les 15 derniers à environ 6% de moyenne aussi, mais beaucoup plus dénudés et montagneux, pour rejoindre le Col, à 2770m d’altitude, un des plus hauts cols routiers d’Europe, avec la Bonette et le col Agnel, mais sans grosse difficulté. En fait on longe les pistes de ski des stations de Val d’Isère. C’est magnifique, c’est le paysage de montagne comme je l’aime. La bonne surprise est que ce dimanche, l’ascension est réservée aux vélos, de Val d’Isère au col, et c’est super confortable d’avoir la route rien qu’à nous. La montée se fait sans problème particulier, c’est dur, mais sympa, évidemment, la distance commence à peser dans les jambes, mais bon, tout va bien.
On voit, plein centre, un morceau du lac de Tignes.
Les derniers lacets pour arriver au col
Voilà, on y est, et c’est bien bon !
J’arrive en haut vers 14h45 en ayant vraiment pris le temps de tout apprécier, de faire des photos. Ce n’est vraiment que du plaisir !
Comme il fait un peu frais en haut, je ne m’attarde pas, mets le K-Way et redescends. Les derniers km sont un peu pénibles, il y a un peu de vent de face, et surtout, j’ai un gros coup de fringale et de bobo sous les pieds. En arrivant à la voiture, je me jette sur ma glacière et enfourne le jambon et les chips, direct à la main.
Après un peu de repos, je reprends la voiture, repasse le col de l’Iseran, et descends sur Lanslebourg, la route est vraiment magnifique, ensuite, remontée vers le Col du Mont Cenis, où je passerai la nuit en surplombant le lac. Je me prépare mes pates, et, avant de me coucher, me prends grave le chou pour changer mes pneus. Les pneus neufs, c’est toujours dur à monter, 2 mains, c’est pas suffisant, je trouve un gars sympa en camping car qui m’aide et finalement, tout est en place pour la journée du lendemain, et je m’apprête à passer une bonne nuit tranquille dans le kangoo, nouvellement aménagé pour y dormir confortablement. Dans le pré au-dessus, il y a des vaches avec leurs cloches au cou, en dessous, des ânes qui braient, et plus loin une église qui sonne toutes les heures ! Finalement, les vaches dorment bien la nuit, les ânes aussi, et le clocher sonnera ses derniers coups à 20h. La vie est belle, et c’est tant mieux.
Soir très couvert au-dessus du lac du Mont Cenis
Réveil au lac du Mont Cenis à un peu plus de 2000 m d’altitude, il fait super beau !
Après une nuit pas très ensommeillée, petit café, et bon petit déj dans ce merveilleux site du lac du Mont Cenis, je pars en voiture rejoindre le point de départ de la 2ème journée : Susa. La descente du Mont Cenis à Susa est magnifique. Je me dis qu’il faudra peut-être un jour la tenter dans le sens inverse. Susa est une petite ville italienne animée et très jolie. Il fait une grosse chaleur. La journée risque d’être dure.
Lundi 12 juillet : Susa – Colle delle Finestre (2176 m) – Usseaux – Sestriere (2033 m) – Cesana – Susa
Le Colle delle Finestre est un col très difficile, 19 km à 9% de moyenne, mais la grosse difficulté réside dans le fait que les 8 derniers km ne sont pas goudronnés, c’est une route pierreuse, à motos de cross et gros 4x4, où l’on ne voit guère de vélos de route. En fait, j’en doublerai un (un anglais) au km 5 et n’en verrai aucun autre, ni au sommet, ni n’en croiserai dans la descente – goudronnée – de l’autre côté. Le giro est passé par cette route mythique en 2005, fait unique dans les grands tours européens.
Dès le début, c’est très dur, je suis debout sur le vélo, et ça roule à 9km/h, parfois 8, et pas un endroit pour se détendre, ça monte régulier et fort. Je fais une première pause au km 5,5 parce que c’est le seul moyen de souffler un peu. Après, l’ascension offre quelques tout petits passages à 7%, (où on a l’impression que ça descend, tellement c’est bon), mais surtout, il y a toute une série de lacets très rapprochés, qui rendent la montée plus changeante, moins monotone, et puis, les lacets, quand on les prend sur l’extérieur, ça permet d’avoir chaque fois un petit replat sur la fin. Il n’y a pas un chat, et l’endroit est vraiment superbe.
Km 5,5 : L’Anglais rencontré me prend en photo.
La pause suivante se fera donc au km 11, à la fin de la route goudronnée. L’endroit s’appelle « il Colletto ». Ma sortie du jour fait 93 km, et je suis déjà bien entamé ça promet… Enfin, on verra.
Ai-je la tête un peu fatiguée ?
Début de la route terre et pierres… 8km à faire là-dessus, à 9%
Bon, ben puisqu’il faut y aller… Je ne me suis pas trompé, c’est très très très dur ! Je roule la plupart du temps à 7,5 ou 8 ou 9 à l’heure, en faisant mon possible pour rester sur le vélo, ne pas patiner quand je me mets en danseuse, et quand je suis obligé de poser un pied, c’est très difficile de remettre le pied sur la cale (avant d’être à l’arrêt) pour repartir. Il y a quelques passages, je l’avoue, que j’ai dû faire à pied, soit ça montait trop (parfois du 12%), soit la terre était trop sableuse, ça s’enfonçait suffisamment pour tout faire déraper… Mais ceci dit, quel bonheur pour les yeux
Alpe Cassette, au km 14 de l'ascension, dernière maison (en fait, la seule)
Les kilomètres défilent sur le compteur à toute petite vitesse, je gagne 100m par 100m, et c’est toujours aussi dur de rester sur le vélo. C’est sûr qu’un développement plus approprié, style triple plateau aurait été le bienvenu, mais je n’ai que 39x27, et faut faire avec. Plus je monte, plus le paysage devient nu, moins d’arbres, plus de buissons et de prairie ; des marmottes, des oiseaux… et puis j’arrive enfin en vue du sommet, et le moral devient bien meilleur. D’un seul coup, je retrouve des jambes pour les 3 derniers lacets. L’arrivée au col est vraiment un gros soulagement, et une sacrée victoire. Je crois que de tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, c’est l’ascension la plus difficile, en tout cas la plus délicate techniquement.
Trois jours après, je n’ai qu’une envie : la refaire. Mieux. Maintenant que je la connais… Peut-être juste un aller – retour en postant un VTT dans le kangoo au Colletto. A voir…
Le col, droit devant, ça se précise
Vue vers le bas, quelques lacets du chemin effectué…
Dernière pause : encore 5 ou 6 lacets, et j’y suis, derniers efforts.
Ben oui, je suis liquide, mais, ça sent bon le col !
ENFIN !!! C’est pas dommage ! J’ai mis quelque chose comme 2 heures et ¼ pour faire les 19km de l’ascension !
Il n’y a qu’une voiture de randonneurs italiens au sommet. La dame me prend en photo.
Colle delle Finestre : Le village de Meana, 17km plus bas… 28 mai 2005 : Danilo Di Luca passe en tête au sommet delle Finestre.
C’est vraiment la fierté de ce col que d’avoir accueilli un passage du giro 2005. Danilo Di Luca sera le héros du jour. On lui en a fait une sculpture. Les Italiens ont bien le sens de l’idolâtrie de l’exploit sportif !La belle pierre sculptée en l’honneur de Di Luca
La très belle descente, si agréablement bitumée, pour joindre Pourières et la route de Sestriere !
J’entame donc la descente avec grand plaisir. La route est belle, le paysage toujours aussi magnifique, et comme c’est plaisant de ne pas faire d’efforts ! Usseaux est à une altitude de 1260m, et je sais qu’il me faudra remonter à 2050m pour passer Sestriere en 20 km. Du 4% de moyenne… sauf que ça ne monte vraiment que les 10 derniers kilomètres à 6-7% tout du long, et dans mon état de fatigue, chaque hectomètre à gravir me coûte énormément. Mais je n’ai pas le choix, pour retourner à la voiture, obligé de passer par là. Alors, 2 petites pauses pour boire et prendre encore un gel, et ça finit par passer… mais que c’est difficile, le plaisir m’a quelque peu abandonné, même si les sites traversés sont toujours aussi beaux. Bref, je finis par basculer, content, au sommet, et entame une descente super roulante, jusqu'à Cesana Torinese, sur un excellent revêtement. C’est très grisant, je me régale, surtout que je sais qu’il ne me reste, normalement, que de la descente jusqu’à la voiture.
Jolie petite fontaine vers Pragelato
En bas, une des stations de ski, tout en haut, Sestriere...
...et de savoir qu’il m’en reste encore à grimper me démolit un peu le moral.
Malheureusement, quelques petites déconvenues me guettent : Jusqu’à Cesana, pas de problème… un peu plus loin dans la descente, un panneau indique Susa à 22km. Je suis un peu étonné, dans ma préparation, il me semblait que c’était plus près de 30, mais bon, je suis très heureux de cette nouvelle, car je commence à avoir une sacrée fringale, et n’ai plus aucune envie de me retaper un gel ou une barre. Donc je continue à descendre, en appuyant un peu même, puisque je serai bientôt arrivé. Mais déjà, la bonne descente ne descend plus, et le vent violent de face qui ne me gênait pas trop dans la bonne descente, a beaucoup forci et me fait monter un peu les nerfs, sur ce faux-plat descendant, qui se transforme du coup en bonne côte. Et après 10 bons km, un nouveau panneau indique Susa à 20km ! C’est le bouquet ! Je peste, je jure. D’autant que d’autres côtes se présentent, dont une solide, avec deux lacets, et 5 ou 6 autres de 500m à 1km, qui m’explosent les guiboles. J’hésite à jeter le vélo sur le bord de la route, et m’asseoir par terre. Je comprends mieux les potes qui insultent des côtes imprévues en fin de sortie… Je n’ai plus envie de m’arrêter prendre des photos, ni de regarder le paysage. Je pense juste à la voiture, jambon, chips, tomate, sel, eau fraîche. Enfin, arrive la dernière grosse descente pour arriver à Susa, et je retrouve avec délectation l’autre machine à pédales qui me permettra de rentrer à la maison sans efforts.
Voilà, deux belles journées, dures, mais magnifiques ! Ne reste qu’à rentrer. Par l’Italie, c’est plus court : Torino, Genova, Vintimiglia, Nice et maison. Me voilà sportivement calmé pour un moment, mais je sais déjà que j’y retourne bientôt, à la montagne : Trentino et Alto Adige.
Pascal.